mardi 2 juin 2015

De quoi Les Républicains est-il le nom ?

Malgré quelques bisbilles avec la Justice et de nombreuses polémiques, le changement de nom de l'UMP a finalement été approuvé à 83 % (taux de participation de 46 %). Et c'est ce samedi 30 mai que s'est tenu le congrès fondateur du nouveau parti de droite qu'est "Les Républicains".

Treize ans après sa création, l'UMP (Union pour un Mouvement Populaire) change de nom sous l'impulsion de son président Nicolas Sarkozy. Si le parti majoritaire à droite s'est maintes fois métamorphosé (RPF, UNR, UDR, RPR …), ce dernier changement me laisse davantage perplexe. En effet, si la naissance de l'UMP pouvait se comprendre par la volonté de réunir trois composantes de la droite (libéraux, gaullistes …), il ne me semble pas en être de même pour Les Républicains. Quelle motivation profonde pour ce nouveau nom si ce n'est de faire table rase du passé et en particulier des affaires judiciaires (Bygmalion …) ?   

Mais revenons à ce fameux congrès fondateur. Avec un budget limité à environ 500 000 €, l'équipe dirigeante a fait le choix d'un meeting low-cost simple ou en tout cas nettement plus modeste que les précédents. Cela étant, les organisateurs attendaient 20 000 personnes et seulement la moitié, ce qui n'est déjà pas si mal, se sont présentées. Une petite déception donc.

A quoi avons-nous assisté au final ? Rien de bien nouveau malheureusement. Une grand-messe on ne peut plus traditionnelle où une cinquantaine d'orateurs se sont succédés à la tribune sans susciter de véritable engouement. Il a fallu attendre les prises de parole de François Fillon et Alain Juppé pour que la salle commence, certes par des huées, à réagir. Seul Nicolas Sarkozy a su réellement soulever les foules lors de son discours. Je tenais d'ailleurs à m'arrêter quelques instants sur cette fameuse intervention tant elle me parait être particulièrement représentative de ce qu'était l'UMP et de ce que sera Les Républicains.
 
Sur la forme d'abord, on pourrait comparer cela à la prestation d'un chanteur lors d'un concert tant la salle était hystérique. Plus que le parti, les personnes présentes étaient clairement là pour voir Nicolas Sarkozy. Et celui-ci a fait ce qu'il sait faire de mieux : galvaniser les foules et dorloter ses fans. Or c'est justement cela qui me gêne au plus haut point. Considérant que les hommes politiques ne sont pas et ne doivent pas être des people comme les autres, j'ai beaucoup de mal à comprendre ce phénomène de fanatisme autour de nos dirigeants. Comment garder un semblant de réalisme et d'esprit critique avec une telle adulation ? Mais n'est-ce pas finalement ce que les politiques recherchent, une masse d'adeptes totalement soumis ?

Sur le fond, le discours m'a paru complètement hors de propos et en décalage avec l'occasion. Nicolas Sarkozy s'est lancé dans une longue et virulente critique, parfois caricaturale, de la gauche et du gouvernement mélangeant mariage pour tous, réforme du collège, immigration …   Celui-ci a ensuite fait l'éloge de la République, de la nation et de la démocratie ce qui est à la fois comique et tragique dans la mesure où c'est le même Nicolas Sarkozy, alors président de la République, qui a piétiné ces valeurs. Je pense notamment, même si ce n'est qu'un exemple parmi d'autres, au vote par le Parlement du traité de Lisbonne en 2008 alors que ce texte avait été rejeté par le peuple lors du référendum de 2005.

Il est en réalité assez navrant de voir le leader de l'un des principaux partis de notre pays se présenter en héraut de la République vu son passé et son passif. Outre tous ses démêlés avec la Justice, il ne faut pas oublier que Nicolas Sarkozy a été de longues années en responsabilités, particulièrement entre 2007 et 2012. Il me parait alors trop facile de tenir un tel discours en passant volontairement sous silence son passage au pouvoir.

Si ce congrès fondateur devait être le début d'une nouvelle aventure, je crois que le pari est manqué. Outre le changement de nom, dont le choix est plus que discutable, on ne retiendra que peu de choses de ce meeting si ce n'est les sifflets pour Juppé et Fillon. 
Personnellement je pense que cette métamorphose est une fumisterie visant davantage à occuper la scène médiatique qu'à se poser en réelle alternative. Il n'y a qu'à regarder le nom des différents intervenants pour se rendre compte que le changement ce n'est définitivement pas pour maintenant.
Mais plus encore, c'est l'absence quasi-totale de propositions et de projet pour le pays qui est le plus inquiétant. Arriver devant François Hollande en 2017 n'est pas une fin en soi et ne peut pas être le seul objectif de Nicolas Sarkozy et de l'opposition. Enfin en théorie …

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