vendredi 16 juillet 2010

Les politiques ne sont pas des people comme les autres


 J'ai eu envie de rédiger cet article suite à la lecture de "Starkozysme" de Michel Field et d'Olivier Duhamel. Pour résumer grossièrement, ce livre traite de la relation passionnelle entre Nicolas Sarkozy et les médias.
Sarkozy est un exemple spécifique, certes à un niveau jamais atteint, mais son cas peut être appliqué à d'autres politiques, de droite comme de gauche.
 
Aujourd'hui, on remarque une certaine désaffection des Français pour la politique en général mais aussi pour les politiques en particulier. Alors bien sûr, ce phénomène de date pas d'hier mais il prend une ampleur de plus en plus importante qui conduit à des taux d'abstention gigantesques (près de 75 % à l'occasion de certaines élections).
 
Ce désintérêt trouve sa source à différents niveaux. On trouve notamment les scandales politico-financiers (affaires Chirac, Woerth-Bettencourt ...), les dénis de démocratie (référendum de 2005 ignoré et adoption du traité de Lisbonne par le Parlement ...) ou encore la prééminence de l'économique sur le politique. Il existe probablement d'autres causes mais je souhaite m'intéresser ici au phénomène de peoplitique.
 
Cette peoplitique, qui au passage est un néologisme, est devenue aujourd'hui la règle pour tout politique qui veut se faire connaître. Pour moi, il s'agit pour un homme ou une femme politique de devenir une "star" afin d'être apprécié.
Vous allez me dire que cela a toujours existé puisque les politiques ont toujours cherché à se faire voir sur leur meilleur jour. C'est vrai. Pour autant, nous n'avions jamais atteint un tel niveau.
 
D'ailleurs, Nicolas Sarkozy est, pour le moment, le maître incontesté dans cette discipline. En effet, celui-ci adore les médias et se plaît à jouer avec eux. On pourrait qualifier cette relation de "je t'aime moi non plus" dans la mesure où on y retrouve un caractère lunatique.  Il cultive, de plus, de fortes accointances avec le milieu du "show-business" (musique, télévision ...) ce qui renforce son côté star.
Certains diront que Sarkozy adore le pouvoir et l'argent et aime être sur le devant de la scène. En étant le plus objectif possible, il est difficile de ne pas leur donner raison tant il faut tout pour se faire remarquer, quitte à choquer l'opinion (célébration de sa victoire au Fouquet's, premières vacances comme président sur le yacht de Bolloré ...).
 
Comme je le disais précédemment, Sarkozy n'est pas le seul à s'adonner à la peoplitique. Effectivement, de nombreux et nombreuses responsables politiques cherchent de plus en plus à se mettre en scène pour plaire, allant même jusqu'à mélanger vie privée et vie publique. On peut notamment penser à Rachida Dati, Ségolène Royal ou encore Dominique de Villepin. Ce phénomène semblerait donc se généraliser, pour mon plus grand malheur.
 
Il peut ainsi paraître surprenant que le gens se désintéressent de la politique alors même que les hommes et femmes politiques font tout pour leur plaire. Et bien pas forcément. Effectivement, la peoplitique s'inscrit dans le court terme et a trait à l'individu en tant que tel et non plus à ses idées. Aussi, cela revient à transformer le politique en une "star" parmi d'autres. Or, on s'aperçoit qu'actuellement la "culture du zapping" est à l'honneur. Les gens vont donc s'intéresser temporairement à un(e) politique comme il le ferait avec n'importe qu'elle célébrité, avant de passer à autre chose.
 
Mais alors, qui est responsable de cela ? Les politiques eux-mêmes ? Les médias ? L'opinion publique ? Selon moi, les coupables appartiennent aux trois catégories.
Les politiques, tout d'abord, qui se mettent en scène et rendent public leur vie privée. En outre, ceux-ci ont tendance à mélanger les genres en s'exprimant sur des sujets ne les concernant pas ou en assistant à des évènements auxquels ils n'ont pas leur place.
Les médias, ensuite, qui publient des informations privées qui devraient le rester ou s'intéressent à des sujets auxquels ils ne devraient pas.
L'opinion publique, enfin, qui malgré les apparences reste friands des magazines people et se passionne pour la vie privée des politiques.
 
A l'heure actuelle, beaucoup veulent faire de la politique autrement. Pour autant, si c'est pour nous proposer de la peoplitique, ce n'est pas la peine car le remède est pire que le mal. En effet, comment peut-on espérer résoudre les problèmes que rencontre notre pays alors que l'on s'attache davantage à la forme qu'au fond des choses ?
Cela ne m'intéresse pas de connaître la famille de nos dirigeants ou leur destination de vacances. Je préfère savoir quelles actions ils comptent entreprendre pour lutter contre le chômage, contre les délocalisations ...
 
Aujourd'hui, le fond a disparu au profit de la forme. Le diktat du paraître a réussi à envahir le domaine politique alors même que celui-ci restait l'une des dernières places fortes à résister. Il me semble donc urgent de lutter contre ce phénomène qui risque de causer d'importants dégâts.
Pour cela, il faut remettre au goût du jour les débats de fond et réinscrire l'action politique dans le long terme. Concrètement, cela passe, par exemple, par la reprogrammation d'émissions de débats à des heures de grande écoute, à la mise en place de cours où serait abordée l'actualité afin de donner à chacun les outils pour appréhender la "vie réelle".
Il existe sûrement bien d'autres moyens de réimpliquer les Français dans la citoyenneté. Toute idée est bonne à prendre car après, il sera trop tard et il ne faudra alors pas se plaindre des conséquences ...

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