mardi 14 février 2012

Le sectarisme de la gauche plus fort que l'intérêt général ?

A plusieurs reprises sur ce blog, et notamment dans cet article, j'ai exprimé une certaine sympathie entre Jean-Luc Mélenchon et le Front de Gauche. En effet, son positionnement politique et sa démarche de rassemblement me semble intéressants et il est vrai que certaines de ses idées me plaisent assez. De plus, ses qualités de tribun ne sont pas pour me déplaire.
En revanche, et je le redis ici, quelques éléments me rebutent chez Mélenchon. Je pense notamment avec son combat perpétuel contre les journalistes, son trop grand internationalisme ou encore sa violence verbale démesurée.
J'ajoute également, qu'à gauche, le président du Parti de Gauche est le candidat le plus séduisant et qu'il n'est pas impossible que je vote pour lui, à défaut de mieux.
 
Mais je ne vais pas m'étendre plus longuement sur le cas du camarade Jean-Luc puisque ce n'est pas le propos. Si j'ai décidé d'écrire aujourd'hui, c'est suite à une information qui circulait sur les réseaux sociaux et que j'ai finalement retrouvée sur ce blog et même en vidéo ou sur le site de RTL
Pour résumer brièvement, Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la République et candidat à l'élection présidentielle, s'est fait injurier ("sale raciste", "nazi") et chasser d'une manifestation de soutien au peuple grec organisée devant l'ambassade de Grèce à Paris. Ainsi, les militants du Front de Gauche ou du NPA, qui se veulent humanistes, généreux, tolérants ..., se sont comportés comme des sauvages sans aucune éducation. Pire, une escorte de CRS a été nécessaire pour évacuer le leader gaulliste.
 
Disons le clairement, un tel comportement est tout simplement inacceptable et doit être condamner, je crois,  par Jean-Luc Mélenchon. En effet, il s'agissait d'une manifestation sur la voie publique donc chacun peut librement y participer. De plus, cette réaction est assez incompréhensible dans la mesure où Nicolas Dupont-Aignan est à la pointe sur ses sujets. De fait, il s'est rendu à Athènes il y a quelques mois pour exprimer son soutien aux grecs et avait annoncé depuis le début de l'année 2010 la catastrophe à venir. Il est donc étrange que celui-ci soit rejeté par ceux qui sont censés défendre la même cause.
 
Pour autant, un tel comportement est-il si surprenant ? Je ne le crois pas en réalité. Alors bien sûr il ne faut pas généraliser et tous les militants et sympathisants de gauche ne sont pas pareils. Malgré tout, ce genre de choses est plus fréquent qu'on ne le pense. Ainsi, il n'est pas rare de constater un tel phénomène d'ostracisme envers celui qui n'est pas de "gôche". D'ailleurs, Mélenchon adopte également un tel positionnement en se revendiquant sans cesse de "gôche", comme si cela était une vertu. Cela le conduit alors à se rapprocher petit à petit de François Hollande par pur esprit de clan alors même que les deux hommes n'ont que peu de choses en commun.
 
Et je crois que c'est là un des plus gros défauts de la gauche et plus particulièrement de la gauche de la gauche. Ces derniers n'ont pas encore compris que le clivage gauche/droite est devenu secondaire et qu'il faut donc le dépasser. Ce n'est pas en restant entre soi et en faisant preuve de sectarisme comme le fait le Front de Gauche que la situation va s'améliorer, bien au contraire. Il me semble qu'il existe des problèmes bien plus importants que de savoir qui est de "gôche" et qui ne l'est pas.
 
Certes Nicolas Dupont-Aignan ne se définit pas comme de quelqu'un de gauche, certes il a été plusieurs années à l'UMP. Et alors ? Lisez son programme, écoutez ses interventions et vous verrez que celui-ci est bien plus social que François Hollande, le candidat de la principale force politique de gauche.
 
Arrêtons de jeter l'anathème sur les individus car ce n'est pas en divisant les gens que l'on va pouvoir changer les choses. Au contraire, c'est bien par le rassemblement de tous, sur la base d'idées claires et précises que nous pourrons avancer. Or malgré les apparences, ce n'est pas le chemin que semble emprunter le Front de Gauche.
 
Pour finir, je voulais simplement rappeler qu'après la seconde guerre mondiale, le Conseil Nationale de la Résistance a rassemblé des gaullistes, bien évidemment, mais aussi des communistes. Car à cette époque l'intérêt général et le sort de la France importaient bien plus que de simples considérations politiciennes.
Il serait donc bien, vu la situation actuelle, que certains ne l'oublient pas.

6 commentaires:


  1. Sans que cela corresponde nécessairement à une vérité générale, c'est bien mon attachement à l'égalite qui fonde mon positionnement à gauche, ce qui ne signifie pas bien sûr que
    je néglige l'idée de liberté...


    Il me semble que la fin de l'euro signifierait clairement la fin de toute vraisemblance d'un avenir fédéral pour l'Europe. Il se peut qu'il reste alors quelques fédéralistes de coeur, mais leur
    préférence sera alors dénuée de toute portée politique. Ils n'existeront plus que comme vestiges d'une autre époque.


    Personnellement, je trouve l'usage du terme mondialiste très insatisfaisante. On peut en effet décrire certains positionnement ainsi, mais il faut garder en tête que personne ne se définit
    lui-même de la sorte, au contraire des souverainiste qui assument pleinement le terme pour eux-mêmes. L'opposition souverainiste/mondialiste repose donc sur une symétrie incomplète. Le terme de
    mondialiste a aussi l'inconvénient de donner une cohérence exagerée au camp "mondialiste", qui n'existe pas en tant que tel, même si, nous sommes bien d'accord, les politiques menées depuis
    longtemps ont miné notre souveraineté avec une constance effroyable. Entendons-nous bien : je ne conteste pas le diagnostic d'une direction erronée suivie par les partis centraux de l'échiquer
    politique, seulement l'usage d'un mot dont je trouve les inconvénients à l'utiliser  plus importants que les avantages.

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  2. Evidemment il ne s'agit pas d'une vérité générale mais seulement "d'un point de différence communément accepté".


    Je vous rejoins également sur le terme "mondialiste" qui n'est pas tout à fait juste et qui recouvre des réalités différentes. Pour autant, je crois que ce terme s'est imposé car j'ai
    l'impression qu'il parle aux gens.


    S'agissant de l'euro et du fédéralisme, je crois qu'il ne faut pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué. En effet, le dogmatisme européen est très développé et ses serviteurs feront tout
    pour sauver la monnaie unique, quitte à sacrifier les peuples comme c'est le cas en Grèce.



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  3. Ce qui fonde sans doute mon ancrage à gauche est mon attachement primordial à l'égalite. 


    Vous avez raison le clivage né du référendum de 2005 est important à l'heure actuelle, mais vous remarquerez aussi que dès que nous nous serons débarassés de l'euro et de son emballage
    idéologique de libre-échangisme post-démocratique, ce clivage-là perdra instantanément toute valeur structurante. Il sera vraisemblablement important de dépasser l'opposition droite/gauche pour
    qu'il y ait un fort consensus au moment du saut hors de l'euro-libéralisme, mais passé ce moment critique il n'y aura guère de raison de maintenir l'unanimité et le vieux clivage gauche/droite me
    parait plutôt satisfaisant pour réorganiser le nouveau jeu démocratique national.

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  4. J'ai effectivement souvent entendu que les gens de gauche privilégeaient l'égalité et ceux de droite la liberté. Mais je ne suis pas sur que cela soit une vérité absolue.


    S'agissant du clivage entre mondialistes et souverainistes, car c'est bien de cela qu'il s'agit, je ne suis pas d'accord avec vous. En effet, l'euro n'est qu'un outil qui cristallise certes les
    opinions entre partisans et opposants. Sa disparition ne mettrait donc, selon moi, pas fin au clivage entre ceux attachés à l'europe des nations et les fédéralistes.



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  5. Bravo, je fais mienne votre réaction.


     


    Je continue à croire pour ma part que la division droite/gauche est significative et je me situe  sans complexe du côté gauche. Mais je reconnais la valeur de certains hommes politiques
    de droite, Nicolas Dupont Aignan étant de toute évidence le plus conséquent d'entre eux. 


     


    J'ajoute que quand nous serons venu aux moments houleux de la recomposition de la droite après l'explosion prévisible de l'UMP (peut-être entre les deux tours ou plus vraisemblablement après), le
    point d'ancrage representé par Debout la République sera forcément salutaire pour l'ensemble de notre système démocratique.

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  6. Le clivage gauche/droite n'est pas complètement mort mais il me semble que d'autres ont pris une plus grande importance depuis quelques années. Le référendum de 2005 en a d'ailleurs été un
    parfait exemple.


    Dans l'absolu, une telle "séparation" ne me dérange pas mais cela devient embêtant lorsque l'on en arrive à exclure des personnes sur la seule base des étiquettes.


    Petite question par curiosité. Qu'est ce qui vous fait être de gauche plutôt que de droite ? Ou autrement dit sur quelle base vous définissez-vous comme de gauche ?



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