samedi 13 février 2010

Bonheur d'école

J'ai récemment terminé le livre de Marc le Bris intitulé "Bonheur d'école". Dans celui-ci, l'auteur  relate son expérience d'instituteur et de directeur d'école au travers de récits d'histoires vécues. L'instituteur en profite également pour mettre en exergue les lacunes de notre école actuelle et propose des solutions pour y remédier et refaire de notre école une fierté nationale qui a pour but de fournir à tous les outils pour bien commencer leur vie d'homme (et de femme) mais aussi de citoyen.

Mon article n'a pas pour objectif de résumer ce livre. Si vous voulez en savoir plus, je vous invite vivement à le lire. Ma lecture m'a cependant permis de découvrir l'évolution de notre école depuis que je l'ai quittée. Je souhaite revenir aujourd'hui sur quelques points en particulier qui m'ont chagriné.

Le premier élément est relatif à la notation. La plupart d'entre nous ont connu le système classique de notation, avec un barème chiffré allant, le plus souvent, de 0 à 20. Pourtant, cette méthode est contestée par certains qui estiment que la note a un effet négatif sur l'enfant. C'est pourquoi les lettres ont remplacées les chiffres afin d'être soi disant moins violent. Je trouve que cela est stupide car il faut arrêter de ménager les jeunes générations. Des millions d'écoliers ont été confrontés aux notes chiffrées et ils ne s'en sortent pas plus mal. De fait, cela permet d'avoir une évaluation du travail rendu mais également de permettre la comparaison avec ses camarades. Alors bien sûr, cela introduit une certaine compétition mais c'est à l'institution de veiller à ce que cette rivalité soit saine et aboutisse à une émulation entre individus. Il ne faut pas oublier que l'école est sensée préparer à la vie future. Or la vie n'est pas toute rose et la compétition, la rivalité ... font parties intégrantes de notre société. L'école ne doit donc pas écarter cet aspect.
J'ai également entendu dire que certains professeurs donnaient les sujets d'interrogation, voire même les questions à l'avance. Comment cela permet-il d'évaluer correctement les élèves. C'est une ineptie absolue !
Je pense que les notes font parties intégrantes de la scolarité. Elles permettent d'évaluer les connaissances des élèves tout en donnant la possibilité de quantifier les progrès réalisés.

Le deuxième point qui m'a interloqué est la suppression des dictées et du calcul mental. Durant mes années de primaire, le calcul mental était une activité que nous pratiquions très souvent en inscrivant sur nos ardoises la réponse au calcul énoncé par le professeur. Il en est de même pour les dictées, que nous avons continué à faire jusqu'au collège. Aujourd'hui, de tels travaux restent rares et ont été majoritairement bannis de nos écoles. Cela est ahurissant dans la mesure où ils permettent d'apprendre à manipuler avec une plus grande aisance les nombres et les mots. Ils constituent les bases qui serviront de fondations à la maison des savoirs qui sera construite durant la scolarité. En ne consolidant pas ces bases, c'est toute la chaîne de l'acquisition des connaissances qui est fragilisée.
D'ailleurs, on constate chaque jour un peu plus les conséquences de ce laxisme éducatif. En effet, la moindre addition nécessite le recours à la calculatrice, outil somme toute formidable mais qui aliène complètement notre cerveau et instaure une sorte de dépendance. Je ne jette pas la pierre à ces élèves car je suis le premier à taper mes opérations pour en vérifier le résultat. Pourtant, les dommages causés par la suppression de la dictée sont encore plus importants. Ainsi, les jeunes générations ne savent plus écrire sans fautes. De plus, l'utilisation croissante des SMS et de la messagerie instantanée n'arrange en rien les choses.
La dictée avait ce mérite de faire découvrir de nouveaux mots aux élèves tout en leur apprenant à respecter les règles élémentaires d'orthographe et de grammaire. C'est pourquoi je souhaite ardemment le retour de la dictée dans nos écoles, et ce au niveau primaire mais aussi au collège. Pourtant,  la dictée ne résoudra pas à elle seule tous les maux. Il faudrait, en parallèle, accentuer fortement les cours de français afin de donner à chacun les outils suffisants pour s'exprimer correctement, que ce soit à l'écrit ou à l'oral.

Ces deux éléments ne sont qu'une partie des problèmes de notre école. Certains sont bien plus profonds et moins visibles. Néanmoins, on s'aperçoit que ceux-ci ont des effets désastreux sur les plus jeunes. Ainsi, il n'est pas rare qu'un élève rencontre des difficultés pour lire, écrire ou compter, quand ce n'est pas les trois à la fois.
Je ne crois pas que ces problèmes soient imputables aux enseignants. Il est bien sûr possible d'adresser quelques reproches à d'entre eux mais je crois, peut-être à tort, que les professeurs font le maximum avec les moyens dont ils disposent. Selon moi, les vrais responsables du naufrage du "paquebot Education Nationale" sont ces hauts fonctionnaires et autres soi disant experts qui cherchent sans cesse à ajouter leur pierre à l'édifice, sabordant ainsi toute possibilité de réussite.
Je pense que l'école doit être réformée en profondeur afin de revenir aux fondamentaux. L'école n'est pas, comme je l'entends souvent, un lieu de vie où les élèves passent un bon moment entre amis. L'école est un lieu de d'apprentissage où l'on inculque des savoirs aux jeunes générations. Arrêtons de croire que les jeunes ont à tout pris besoin de liberté. L'ordre et la rigueur n'ont jamais tué personne.
Je reprendrais juste la devise du pensionnat de Chavagnes (émission sur M6) : "discipline stricte et travail acharné triomphent de toutes les difficultés". Peut-être faudrait-il s'inspirer de cette devise pour nos établissements actuels. Car je le répète une fois de plus, l'école républicaine doit former les élèves et leur donner les outils nécessaires afin qu'ils puissent avoir un avenir décent.

Cessons donc ces changements homéopathiques et, avec le concours des enseignants notamment, attaquons nous au fond des problèmes afin de changer réellement les choses dans l'éducation nationale. Privilégions le qualitatif au lieu d'agir sans cesse sur le quantitatif. Intéressons nous aux attentes des professeurs, des élèves et des parents pour qu'enfin l'école ne laisse personne sur le bord de la route car celle-ci a un devoir d'égalité envers tous les citoyens. C'est grâce à une école forte qui promeut l'effort et le goût du travail que nous pourrons lutter contre les inégalités.
Investissons (nous) dans l'éducation car elle seule permettra d'assurer la survie et la continuité de notre pays.

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